[Portrait : assistant pédagogique] Paul et Mattéo, une expérience convaincante

Dans les bureaux du bâtiment ISOMer, il y a du respect assorti d’une légère complicité entre Paul DELERIS, Maître de Conférences en Biochimie, et son assistant pédagogique, Mattéo STIMEC, étudiant en L3. Cette relation universitaire trouve son origine dans la volonté d’hybrider un cours de Licence, qui jusqu’à lors, ne se traduisait pas par les résultats escomptés aux examens. L’idée était de « transmettre l’essentiel du cours en amont, de délivrer des données en vidéo puis de répondre aux questions en présentiel ». Paul pressentait que l’hybridation de son cours allait mobiliser de nouvelles ressources. Mais en homme de sciences, il ne souhaitait pas initier l’expérience du binôme enseignant-assistant sans cadre pré-défini, sans savoir « comment se saisir du dispositif ». La rentrée 2022 a accéléré l’intervention d’un assistant pédagogique car la présence d’une étudiante sourde a nécessité « la mise en place de sous-titres en urgence ».
 

Une mission précise, aux résultats plus larges que prévus

Pour assurer la réalisation de sous-titrages, Paul s’est adressé à Mattéo, qui était déjà un de ses étudiants et stagiaire dans son laboratoire : « Il connaissait la matière et il existait déjà une relation de confiance ». Le jeune assistant reconnaît « aimer ce type de mission et d’idée enthousiasmante », qu’il a acceptée « au tempérament ». Concrètement, il lui a fallu près de 3h de travail pour contrôler et valider le sous-titrage de chaque séquence vidéo. Très vite, les retours ont dépassé les attentes du binôme ! Non seulement l’étudiante sourde a pu suivre le cours hybridé mais, de plus, des étudiants ont spontanément souligné l’intérêt des sous-titres pour appréhender des mots nouveaux, leur orthographe, éviter la confusion entre des acronymes, mieux se saisir des éléments transmis…
 

Approfondir la relation avec les étudiants

Le travail de Mattéo s’est prolongé par de « petites enquêtes » sur le ressenti des étudiants, l’évaluation de leur engagement par rapport aux vidéos et la quantification de leur charge de travail. Tout en collectant des données, il a ainsi pu avoir et offrir à ses pairs « une autre vision du cours qui est donné », réduisant la distance entre étudiants et professeur. « Participer à la proposition faite aux étudiants » est un rôle qu’il estime « valorisant, qui a du sens » et qui ne nécessite pas d’être « un expert absolu » de la matière concernée.

Paul précise que les interventions de l’assistant ont permis de « comparer la charge de travail nécessaire sur l’ancienne méthode » (en cours magistral ndlr) « par rapport à la nouvelle » (cours hybridé ndlr). Plus généralement, l’enseignant atteste que le dispositif permet « de casser la frontière existant entre des étudiants-anonymes et un professeur-évaluateur ». Lors d’entretiens avec son assistant pédagogique, il peut avoir « des retours pas trop biaisés sur le ressenti des étudiants. Mattéo est en bonne position pour faire la part des choses entre des éléments de provocation et de la timidité mal placée ». Avant d’apprécier les nombreux effets positifs de la gestion du cours en binôme, l’enseignant rappelle que l’identification d’un besoin doit précéder la mise en place du dispositif.